mercredi 3 juillet 2013

80 KM du Mont Blanc à Chamonix (28-29/06/2013)

Que la montagne est belle, mais cela se mérite !


A la recherche perpétuelle de nouveaux challenges, je décide de m'inscrire à la première édition du 80 Km du Mont Blanc qui doit se dérouler dans la vallée de Chamonix sur un parcours somptueux et très exigent. Je décide d'emmener avec moi mon collègue d'enfance Thierry : ce sera son cadeau d'anniversaire pour ces 40 ans et son baptême dans le monde de l'ultra .

Après une préparation sur plusieurs mois, perturbée par une météo capricieuse ce printemps et une surcharge au niveau de mon activité professionnelle, nous voilà en route vers les Alpes. Thierry découvre les paysages de hautes montagnes (c'est différent de Sierck, ici il faut vraiment lever la tête pour apercevoir les sommets) .Nous nous installons à Chamonix deux jours avant la course (histoire d'aborder la course dans les meilleurs conditions : reposé et acclimaté) dans un très agréable camping proche du centre ville où mes deux collègues messins doivent nous rejoindre le lendemain. Petit décrassage à 1500m d'altitude la veille de la course (Thierry remarque que le souffle est court à cette hauteur...) et récupération des dossards en compagnies de nos trois collègues (mes deux collègues messins de CO Laurent et Nicolas, ainsi que Franck un ami d'enfance qui s'est lancé dans le trail).

Mon dossard
 Après un bon plat de pates, une bonne prise de tête pour la composition du sac et une courte nuit de "sommeil" (levée à 2h50), nous voilà enfin sur la ligne de départ (la même que pour l'UTMB : souvenirs ,souvenirs,...).


L'équipe (Nico, Thierry, moi et Laurent) sur la ligne de départ.
                                                                                                                                                           
 Il fait relativement froid, on nous annonce une météo très fraiche en altitude, quelques éclaircies en journée et risque de pluie en soirée. A 4 h du matin, près de 700 coureurs s'élancent dans l'obscurité. La pente s'élève tout de suite, au programme une grimpette de 1500m d+ pour parvenir au Brévent (alt. 2462m).Au milieu du peloton, Thierry et moi restons en visuelle durant toute la montée (2h18).Le jour se lève, il fait froid 0°C et nous entamons la descente dans la neige jusqu'au ravito de Planpraz (km 11,4km et 2h40), où Laurent nous rejoint et repart très vite après une courte pause. J'y retrouve un compagnon de la diagonale des fous, devenu journaliste sportif sur France2 et qui a fait le buzz sur le net pour ces commentaires à Roland Garros ( http://www.popnsport.com/tennis/112093/pierre-etienne-leonard-le-commentateur-fou-na-pas-du-tout-fait-rire-france-televisions/ ) . Dans la descente j'en profite pour faire des photos de la chaine du Mont Blanc au levée du jour.
 
 
Vue sur la chaine du Mont Blanc au levée du jour.
 
 Après une première longue descente, passage au col des Montets et arrivée au ravito de Vallorcine (30 km ,5h56).Thierry et Nico me rejoignent, les jambes sont déjà bien douloureuses après une telle descente, mais le moral est bon : le soleil est de la partie. Nico est surpris de nous voir, lui qui pensait être loin derrière. Malgré la technicité du terrain, il se sent bien et repart loin devant. Après une bonne pause ravito, Thierry et moi décidont tous les deux de partir tranquillement en marchant à l'assaut de cette boucle qui doit nous amener au col du Passet (900m d+ de grimpette) pour revenir ensuite au même ravito 14 km plus tard. On croise le 8 ème du trail qui a déjà fini la boucle (c'est pas le même monde !).La montée est terrible : sous la chaleur, les jambes lourdes, c'est une succession infinie de passages très techniques (rochers à franchir, échelle, névés,..).On croise quelques bouquetins incrédules au bord du chemin. Thierry perd un peu de terrain. On passe au bord du lac d'Emosson, mais la montée n'est pas terminée : il faut encore escalader de nombreux rochers avant de pouvoir aborder la descente tout aussi difficile .J'ai les cuissots en feu et je souffre dans ces descentes très longues et très pentues (premiers coup de barre). A mi- pente, je retrouve des forces et un rythme plus rapide. Je dépasse de nombreux coureurs. J'arrive au pied de la descente, quand j'aperçois un coureur qui ressemble à mon ami portugais de l'UTMB et que j'avais revu chez lui à Madère .C'est bien Gonçalco! Nous nous congratulons longuement. Je suis surpris de le voir car il court maintenant beaucoup plus vite que moi. Il m'explique avoir des problèmes intestinaux qui l'empêche de courir. Il marche jusqu'au ravito où finalement il abandonnera. Je décide de l'accompagner sur ces 2 kms en se racontant nos vies et nos exploits respectifs durant ces 5 ans.
 
Retrouvailles avec Goncalco à Vallorcine .
  Enfin le ravito (44 km,10h02 de course).J'y retrouve Laurent qui décide d'abandonner (cuisses bloquées).J'ai également les cuisses très entamées et un début de mal de ventre. J'essai quand même de m'alimenter un peu et de me reposer. Thierry nous rejoint .Il souffre aussi beaucoup. Je lui conseille aussi de faire une bonne pause avant d'aborder la deuxième partie de la course où il reste encore trois grosses montées. Je quitte mes deux collègues qui abandonnent et Thierry qui se repose pour débuter l'ascension des Posettes ( 950m d+).Je monte à un rythme régulier jusqu'au col et dépasse de nombreux coureurs. Ensuite un gros coups de mou, du col jusqu'au Aiguillettes, où j'avance vraiment au ralentie et au courage d'autant plus qu'il y souffle un vent glacial. J'entame la descente bien fatigué et gêné par ces crampes d'estomac qui m'embête vraiment dans les descentes : impossible d'allonger le pas et obliger de faire de nombreuses pauses pour soulager mes abdos. La descente est interminable jusqu'au ravito d'Argentières (57 km, 13h39).J'ai besoin d'y reposer un peu mes cuisses en feu et mon estomac douloureux qui m'empêche de m'alimenter normalement. Je sais maintenant qu'il va falloir que je sers les dents et beaucoup souffrir pour terminer cette course.
 
 

 
 J'aborde l'avant dernière montée vers Plan Joran (700 m d+) bien entamé. Finalement la montée s'effectue bien sur un terrain pentu mais pas trop technique. Petit coup  de barre à l'entame de la descente sur un gros chemin de 4x4.Je finis par retrouver des forces et faire le reste de la descente à bonne allure avec un autre coureur. Arrivé au  ravito des Bois ( 69 km,16h21), cette accélération m'a détruit les cuisses qu'il me restait. A défaut de m'alimenter suite à mes douleurs d'estomac, j'en profite pour me faire masser les jambes et changer de tenue. Il reste encore 15 km avec une terrible montée de 1200m d+ et la descente qui va avec. Je sais désormais que je vais finir tard dans la nuit. Je repart les jambes bien soulagées pour aborder cette montée vers la Mer de Glace qui est vraiment très difficile. A mi- pente, je me retrouve dans le noir et j'entame une partie très technique (succession d'échelles, d'escaliers et de gros rochers) qui vous achèvent bien les dernières forces. Mes douleurs d'estomacs redoublent d'intensité (pauses multiples pour les soulager) et le froid est intense. Arrivé au ravito du Montenvers (76 km,18h37),je suis transis de froid .Je tremble et peux toujours pas m'alimenter. Je me force à boire un café pour me réchauffer, mais je le vomirai quelques mètres plus loin!
 
Vue sur le lac d'Emosson à la frontière suisse.
 
 Il reste plus qu'une portion de 2 km sur le balcon Sud et la descente infernale sur Chamonix. On nous oblige à partir en groupe dans cette dernière portion de nuit car il y a de nombreux passages dans le vide qui sont vraiment impressionnants avec vue sur Chamonix 1200m plus bas. Le moindre faux pas sur ce chemin plein de racines, cailloux et parfois enneigé est mortel. L'allure ralentit fortement, on se retrouve à une vingtaine. C'était vraiment impressionnant même pour ceux qui n'ont pas le vertige comme moi! Cette portion très dangereuse est vraiment interminable : à chaque virage on voit encore des frontales 300m plus loin. On arrive finalement à l'amorce de la descente finale au bout de 79km et 19h51 de course. Il reste à dévaler 1200m d- et 6 km dans un état physique déplorable. Je suis obliger de m'arrêter tous les 200m d- pour soulager mon estomac douloureux et parfois essayer de vomir, mais les cuisses sont bien détendues après le massage effectué aux Bois. Je rattrape le wagon de coureurs qui s'est formé dans la descente, j'ai de bonnes sensations mais je suis bloqué par les coureurs devant moi qui ralentissent fortement l'allure. Je subis leurs ralentissements toute la descente; C'est vraiment pénible, d'autant plus que cela commence vraiment à faire long et que l'on voit jamais la fin de cette descente infernale. Arrivé enfin en bas, je dépasse toute cette colonie de traileurs à l'agonie pour traverser le centre ville de Chamonix jusqu'à la ligne d'arrivée à grandes enjambées. Je franchis la ligne d'arrivée à vive allure après 85 km de course, 6044m de+ et 21h43'21.
 
Mon arrivée après 21h43 d'effort !
 Finalement, à part mes problèmes d'estomac, je me sens pas trop mal et fier d'avoir fini cette course de cinglé: que des chemins techniques, pas de portions plates. On m'offre une bière à l'arrivée, cela change du coca et de l'eau que l'on ingurgite tout au long du parcours. Je m'empresse de contacter Thierry pour savoir où il se trouve. Il est dans la descente finale, je décide de l'attendre sur la ligne d'arrivée malgré le froid glacial. Il arrivera finalement 3/4 d'heure après moi en 22h29'54 bien fracassé mais heureux! On se congratule, je suis tellement content de savoir que l'on est tous les deux finishers et de partager cela avec lui. C'est vraiment génial : je suis fier de mon pote! Malgré la fatigue et les douleurs, l'émotion nous gagne (on est venu, on a vu et on a vaincu...).
 
Bravo Thierry, te voilà finisher du 80 km du Mont Blanc !
 Nous n'avons pas de nouvelles de nos deux collègues : je me doute que Nico à terminer quelques heures avant nous, mais nous pensions que Franck aurait du mal à passer les barrières horaires! En retournant au camping à pied, nous distinguons encore des frontales qui dévalent la dernière pente et on espère que Franck en fait parti. Finalement on apprendra que Nico a fini en 19h32'53 et surtout à notre grande joie que Franck a fini en 24h09 cette course (il m'a bluffé: chapeau bas Franck pour cet exploit, tu peux penser sincèrement à l'UTMB maintenant!).La nuit fut très courte( on est rentré à 3h30 du mat).Bizarrement, je ne ressent aucune courbature et mon estomac maintenant à faim (d'ailleurs j'ai toujours pas de courbatures à l'heure où j'écrit ce récit). Thierry ,part contre, découvre des muscles qu'il ne connaissait pas et la marche du canard boiteux! lol! Nous retrouvons Franck en ville autour d'une tasse de café lors de la remise des prix où j'apercevrai Kénane, un V4 collègue de CO qui va courir le Marathon (résultat 8h15, 1er V4: félicitations!)
 
Tous les résultats détaillés du 80 km sont sur le site ( http://mbm.livetrail.net/classement.php?course=marath ) et de nombreuses vidéos sont visibles sur ( http://www.montblancmarathon.net/fr/presentation/videos/2013 )
 
Pour clôturer ce merveilleux weekend entre potes, sur le chemin du retour et avec un magnifique soleil , nous nous arrêtons au col des Montets pour voir passer et encourager tous les coureurs du Marathon (du premier K.Jornet au dernier ).Ils sont tous ravis de notre accueil si chaleureux!
 
Les cadors (Jornet, De Gasperi,...)

Et ma petite préférée : Anna Frost (NZ)
 
J'adore ce type de challenge entre potes mêlant convivialité, paysages de carte postale et surpassement de soi. Nous avons vraiment passé de formidables moments tous ensemble. Je tiens à remercier toutes les personnes qui nous ont soutenues et suivis sur internet ou par Sms ( Lulu and Cie, mon cousin Phil qui a suivi jusqu'au bout comme d'habitude, tous mes collègues des clubs Tout azimut Fameck, CA Malling et Team Loose ,ma famille , le père de Nico pour son soutient logistique durant la course,...). C'est toujours plaisant de recevoir des messages d'encouragement et de savoir que l'on vous suit à distance pendant de tels efforts. Merci à tous et vivement la prochaine aventure fin Aout, toujours dans le secteur de Chamonix : la TDS (Trace des Ducs de Savoie : http://www.ultratrailmb.com/page/22/TDS.html ) 119 km et 7250m d+, encore un plus gros morceau comme je l'ai adore! Ce 85 km était une bonne préparation et un bon test pour cette futur échéance que je peux aborder confiant ( j'avais encore du jus à l'arrivée : c'était pas assez long !!!).
 
Mission accomplie !
 

Détail de ma fiche coureur
 
A bientôt pour de nouvelles aventures quelque part sur cette magnifique planète où il y a tellement de choses à découvrir et à affronter!