mercredi 9 octobre 2013

Randonnée Atlas Maroc Octobre 2013

 



 
 
      Depuis plusieurs années, l'idée de faire l'ascension des plus hauts sommets de l'Atlas marocain me trotter dans la tête! J'ai enfin trouver le temps pour réaliser ce projet. Après une première partie de saison très portée sur le trail, un peu de randonnée et de grands espaces ne peuvent que me faire du bien.
 
 Direction le Maroc et Marrakech le samedi 28 septembre pour débuter ce périple. Je rejoint sur place par l'intermédiaire d'une agence de trek les trois personnes (Guy, Jean et Jacques trois retraités sportifs qui se connaissent depuis longtemps) et notre guide francophone (Mohamed) qui vont m'accompagner pendant ce séjour. Je découvre le Maroc et Marrakech sous une chaleur intense (+ de 30°C). Petite immersion rapide dans les rues de cette ville très animée et occidentalisée. Début du trek le lendemain après une courte nuit à l'hôtel.
 
 
ETAPE 1 : Marrakech-pied du Toubkal
 
Départ de Marrakech vers 8h00 en minibus pour rejoindre Imlil (alt.1700 m) point de départ des randonnées pour le massif du Toubkal. Nous y rejoignons après 2h00 de route notre équipe de muletiers.
 
Il fait déjà chaud. Après avoir charger nos trois mules , qui transportent tout le matériel nécessaire et nos bagages pour les deux jours dans ce secteur, nous démarrons notre progression qui doit nous amener en pente douce jusqu'à coté du refuge principal du Toubkal (alt.3200 m). Nous quittons assez rapidement Imlil et sa verte vallée fruitière pour rencontrer un univers plus minéral avec vue sur quelques magnifiques villages berbères.

Imlil et sa verte vallée fruitière

Village berbère

La montée se fait tranquillement en pente douce. Nous avons ainsi le temps de faire connaissance entre nous, d'apprécier les paysages et surtout de nous acclimater progressivement .Petite halte à mi- pente pour la traditionnelle pause thé à la menthe dont nous aurons régulièrement le droit durant le séjour.
 

Thé à la menthe servi par notre guide Mohamed.

Après quelques heures de marche, nous atteignons le refuge situé au pied du Toubkal à 3200m d'altitude. Nous installons le campement dans les environs pour la nuit.

Notre campement près du refuge du Toubkal.
Nuit sous tente à 3200m d'altitude!

ETAPE 2 : Ascension du Toubkal (4167m)

Réveil 4h30 pour un départ pour le sommet à 5h30.J'ai pas fermé l'œil de la nuit : dormir à 3200 m d'altitude est très difficile. Malgré tout je me sens en grande forme : l'acclimation se passe bien, aucun maux de tête et manque d'appétit en ce qui me concerne. Le début de la progression se fait de nuit dans les éboulis. Le jour fini par se lever. Le cadre est grandiose : le soleil illumine progressivement les sommets qui nous entourent.

Vue sur le sommet du Toubkal au fond lors de la montée.

Le soleil illumine les sommets entourant le Toubkal.

Après plusieurs heures d'efforts et 1000m de dénivelées positives, nous atteignons le sommet du Toubkal (4167m : plus haut sommet d'Afrique du Nord).Le sommet est matérialisé par une pyramide en métal. Nous ne sommes pas tout seul : le Toubkal est une ascension facile et très fréquenté par les touristes européens
 
Un sommet de plus à mon actif!
 
Il y a foule au sommet du Toubkal (4167m)!  
L'équipe au complet au sommet (Mohamed, Guy, Jacques, Jean et moi)

Le soleil brille de milles feux : il fait très chaud. La vision panoramique est somptueuse. J'en prend plein les yeux! Physiquement, la montée s'est déroulée tranquillement : j'ai une pêche d'enfer. Quelle belle journée !
 


Vue panoramique depuis le sommet.

 
Après avoir bien profité du magnifique point de vue au sommet de cette montagne, nous entamons le début de la longue descente qui nous attend pour rejoindre notre gite de ce soir qui se trouve à 1800 m d'altitude (soit 2400m d-). 
 
Vue sur la longue descente qui nous attend pour atteindre la vallée.
 C'est toujours à ce moment précis que les organismes vont être mis durement à contribution. D'autant plus que la première partie de la descente se fait dans des pierriers assez pentus où nous croiserons de nombreux débris d'un avion  qui s'est écrasé dans le secteur. Après cette première partie très usante pour les chevilles, nous effectuons une pause repas à notre précédent bivouac. Le ventre plein et les jambes reposées, nous entamons la deuxième partie de la descente qui est plus en pente douce. C'est une journée assez éprouvante du fait de la longueur de cette étape de marche avec cette descente qui parait finalement interminable (2400m d-) sous une chaleur accablante.
 
 
Descente en pente douce interminable!

Il fait vraiment chaud, le rythme de l'équipe commence sérieusement à ralentir.
 


Notre équipe de muletiers nous dépassent.

Il me tarde d'achever cette étape. J'ai des fourmis dans les jambes. Mohamed, notre guide, s'en est rendu compte. Il demande à Djamal, le cuisinier de l'équipe, de finir la descente avec moi en courant. Quelle merveilleuse idée! Nous sommes partis dans une descente infernale : j'oubli le fait que je porte un gros sac à dos et des chaussures de marche. Nous dépassons à vive allure tous les groupes de trekkeurs et de muletiers qui se trouvent sur le sentier. La cadence est vraiment folle, tout le monde nous prend pour des cinglés. Le sentier est très accidenté. Arrivé en bas , nous faisons une pause à l'ombre. En attendant le reste du groupe, je discute avec Djamal qui finalement m'annonce qu'il est l'un des meilleurs coureurs de la vallée. Il est heureux de pouvoir courir avec moi. Il insiste pour qu'on continue de courir jusqu'au gite où l'on doit dormir ce soir. Nous sommes repartis pour 5 km en petite foulée à traverser plusieurs petits villages sur des sentiers très tortueux. Je finis par avoir un peu de mal à suivre la cadence : c'est pas évident de courir à plus de 2000 m d'altitude, sous une grosse chaleur, en tenue de trek, après plus de 9h de marche avec l'ascension du Toubkal dans les jambes et avec un lièvre de luxe. Je me souviendrai toujours de ces petits écoliers qui ont courus avec nous lors de la traversée de leur village : quel émotion!
Nous arrivâmes enfin au gite: ce fut vraiment une belle journée. Le reste de l'équipe nous rejoindra assez tardivement ! La nuit au gite va nous apporter un peu de réconfort (lits, douche, bon repas) et permettre à tout le monde de reprendre des forces.

ETAPE 3 : Transfert vers le Massif du M'Goun dans l'Atlas central
 
Après une bonne nuit réparatrice, il est temps pour nous de nous séparer de notre équipe de muletiers de la vallée du Toubkal (notamment mon ami coureur Djamal). Un trajet en minibus nous attend pour rejoindre le moyen Atlas et plus précisément le Massif du M'Goun.
 
Djamal, mon ami coureur du Toubkal.

Cette journée de transition devait pas être trop exigeante pour les organismes car elle consistait essentiellement en un transfert vers notre deuxième objectif : le M'Goun (4068m).Nous avons pu nous reposer les jambes mais par contre les yeux ont été très sollicités. Après avoir quitté la plaine qui entoure Marrakech, nous avons traversé des paysages de montagne magnifiques avec des couleurs très variées : quel régal pour les yeux!


Paysage du moyen Atlas très coloré. 
Village berbère à flanc de colline.


Le paysage est beaucoup plus varié et coloré dans cette partie du Maroc que dans la vallée du Toubkal.
 
Vidéo des décors somptueux du Moyen Atlas.

Après 5 heures de trajet, nous rejoignons notre nouvelle équipe de muletiers qui va nous accompagner dans cette expédition dans le Massif du M'Goun. Une petite marche de 2 heures nous attend pour rejoindre notre campement pour la nuit.


 Elle se déroule essentiellement dans une vallée très encaissé qui débouche sur le plateau de Azibs n'Ikkis où se trouvent de nombreuses bergeries d'altitude.

Plateau de Azibs n'Ikkis.

Nous finissons par apercevoir au détour d'un virage pour la première fois le sommet du M'Goun légèrement enneigé.


Sommet du M'Goun en arrière plan.

Après avoir dépassé les différentes bergeries d'altitudes se trouvant sur le plateau, nous installons notre bivouac pour la nuit dans une petite vallée encaissée au pied du col de Tizi n'Oughri.

Bivouac à 2400m d'altitude.
 
ETAPE 4 : Marche vers le plateau de Tarkedit

Au programme de la journée, une étape relativement courte qui doit nous amener sur le plateau de Tarkedit au pied du massif du M'Goun en passant par le col de Tizi  n'Oughri situé à 3300 m d'altitude.
 
 
Montée ver le col de Tizi  n'Oughri .
Dès le début de la marche, un soleil radieux nous accompagne dans notre effort. Je suis toujours dans le même état de forme que depuis le début : tous les voyants sont au vert. Mais aujourd'hui, je vais passer toute l'étape derrière pour accompagner et soutenir un de mes camarades Jean qui souffrent de maux d'estomac. Nous montons lentement le col : le panorama est magnifique!

Vue panoramique dans la montée du col de Tizi  n'Oughri.

Arrivée à 3000m d'altitude, notre progression est nettement ralentie par la présence d'un vent très fort en rafales qui est fort désagréable. Nous arrivons non sans peine finalement au sommet, récompensés par la vue magnifique sur l'ensemble de l'imposant massif du M'Goun (et notamment de sa longue crête enneigée que nous allons parcourir demain lors de l'ascension de ce sommet). Je me lasse pas d'un tel panorama malgré ce vent violent.


L'imposant massif du M'Goun vue depuis le col de Tizi  n'Oughri.

Nous entamons la descente sur l'autre versant à l'abris du vent. Nous apercevons en contrebas sur le plateau notre campement que les muletiers ont commencé à installer.


Descente vers le plateau de Tarkedit

Le groupe se reforme à mi pente et la traversée du plateau, pour rejoindre le bivouac, se fait dans la bonne humeur ! Pour une fois que l'on arrive tôt au campement, on va pouvoir se reposer toute l'après midi après le repas de midi.

Exemple de repas de midi.
Mais dés notre arrivée, le vent violent envahit également la plaine. Le montage des tentes dans ces conditions devint vite très galère et l'après midi reposante tant désirée devint vite très désagréable avec ces rafales constantes à plus de 100 km/h. Pour passer un peu le temps, nous sommes allés jusqu'au refuge situé 500m plus loin pour boire un café et surtout nous abriter un peu de ce vent très contraignant. Lorsqu'il fut l'heure le soir d'aller se coucher, le vent n'avait toujours pas faibli. C'était pas trop rassurant en vue de l'ascension programmée très tôt le lendemain matin!

ETAPE 5 : Ascension du M'Goun 4068m en traversée.

La nuit fut particulièrement agitée avec ce terrible vent . J'ai pas beaucoup dormi et j'ai fini par me résoudre au fait qu'il était vraiment impossible de monter au sommet avec de telles conditions! Mohamed nous réveille avec une demi heure de retard, je le sent très inquiet. Le petit déjeuner est bien silencieux, le vent fait une petite pause juste au moment où l'équipe discute avec le guide de la suite des évènements. Nous décidons de tenter l'ascension (trois voix pour et une contre). Mohamed insiste bien sur le fait que les conditions sur la crêtes risquent d'être très mouvementées avec ce vent. Nous décollons du campement avec une heure de retard au lever du jour. Nous apercevons une cordées de 8 clients dans la pente. Ils sont partis une heure avant nous. La progression se fait au début sur du faible dénivelée . Le vent souffle part rafales violentes. Au bout d'une heure, la pente mais aussi le vent s'intensifient fortement. La progression est ralentie. Le vent souffle en continue à 70-80 km/h avec des rafales à 100km/h. Avec Jean, nous accélérons la cadence. Nous finissons même par rattraper l'autre cordée juste avant le début de la crête.

Début de la crête à 4000m

Petite pause avant d'aborder la longue crête.

Nous marquons une pause à l'abris du vent à presque 4000m pour attendre le reste de l'équipe. L'attente est longue, j'en profite pour faire en courant un aller-retour jusqu'au petit sommet en face à 3994m .L'autre cordée qui nous redépasse me prenne pour un fou!

Vue sur la longue crête enneigé du M'Goun (environ 3 km)

Une fois que l'équipe s'est reconstituée, nous entamons la longue crête de 3 km qui doit nous mener jusqu'au sommet. C'est une succession de petits mouvements de terrain. Le panorama est époustouflant : c'est vraiment magnifique. Mais nous avons pas trop le temps d'admirer le paysage car il faut se cramponner pour ne pas être emporté par ces bourrasques de folie. Il est même très difficiles de respirer avec ce vent de face. 







Vue sur la crête que nous avons parcouru.

Dans la pente finale, je délaisse mes camarades pour finir l'ascension en petites foulées. Je rattrape rapidement l'autre cordée et j'arrive le premier au sommet bien avant les autres. J'en profite pour faire des photos et des vidéos avant l'arrivée des autres. A leurs arrivées au sommet du M'Goun ( 4068m) , nous nous congratulons.


Panorama du sommet du M'goun 4068 m.

L'équipe au sommet.

Nous restons un peu au sommet malgré ce vent épouvantable pour profiter du magnifique panorama. Nous entamons ensuite la descente : le début se fait dans une pente très raide dans les pierriers. Je fais une petite démonstration dans ce type de descente : la perte d'altitude est très rapide. Mes collègues sont un peu plus prudents!


Longue descente dans les pierriers

Après cette portion très technique, la descente se fait plus douce dans un vallon très encaissé. A mi pente, nous marquons une pause casse-croute très appréciée d'autant plus que le vent nous laisse enfin un peu tranquille : quel bonheur!

Descente en pente douce et en devers.

La reprise après cette pause bien méritées est plutôt difficile en ce qui me concerne. J'ai un bon coup de barre. Je me traine sur le sentier. Heureusement que le magnifique décor avec tous ces roches façonnées  par l'érosion maintient mes sens en éveil. La descente commence à se faire longue pour tout le monde.

Roches façonnées par l'érosion.

Après plusieurs heures de descente, nous entamons une succession de petites montées. Nous croisons quelques bergeries d'altitudes. Le moral des troupes est au plus bas, la journée de marche commence à être longue: vivement le bivouac.
Bergerie berbères de montagnes

Après neuf heures d'efforts, nous arrivons enfin au campement qui se trouve sur un petit plateau au bord d'un magnifique zone humide. Place à la récupération et à un bon repas du soir : au programme un magnifique tajine aux légumes qui fut avalé très rapidement. La nuit venu, personne n'a eu de mal pour une fois pour s'endormir!


Tajines de légumes pour récupérer de nos efforts de la journée!

 

mercredi 3 juillet 2013

80 KM du Mont Blanc à Chamonix (28-29/06/2013)

Que la montagne est belle, mais cela se mérite !


A la recherche perpétuelle de nouveaux challenges, je décide de m'inscrire à la première édition du 80 Km du Mont Blanc qui doit se dérouler dans la vallée de Chamonix sur un parcours somptueux et très exigent. Je décide d'emmener avec moi mon collègue d'enfance Thierry : ce sera son cadeau d'anniversaire pour ces 40 ans et son baptême dans le monde de l'ultra .

Après une préparation sur plusieurs mois, perturbée par une météo capricieuse ce printemps et une surcharge au niveau de mon activité professionnelle, nous voilà en route vers les Alpes. Thierry découvre les paysages de hautes montagnes (c'est différent de Sierck, ici il faut vraiment lever la tête pour apercevoir les sommets) .Nous nous installons à Chamonix deux jours avant la course (histoire d'aborder la course dans les meilleurs conditions : reposé et acclimaté) dans un très agréable camping proche du centre ville où mes deux collègues messins doivent nous rejoindre le lendemain. Petit décrassage à 1500m d'altitude la veille de la course (Thierry remarque que le souffle est court à cette hauteur...) et récupération des dossards en compagnies de nos trois collègues (mes deux collègues messins de CO Laurent et Nicolas, ainsi que Franck un ami d'enfance qui s'est lancé dans le trail).

Mon dossard
 Après un bon plat de pates, une bonne prise de tête pour la composition du sac et une courte nuit de "sommeil" (levée à 2h50), nous voilà enfin sur la ligne de départ (la même que pour l'UTMB : souvenirs ,souvenirs,...).


L'équipe (Nico, Thierry, moi et Laurent) sur la ligne de départ.
                                                                                                                                                           
 Il fait relativement froid, on nous annonce une météo très fraiche en altitude, quelques éclaircies en journée et risque de pluie en soirée. A 4 h du matin, près de 700 coureurs s'élancent dans l'obscurité. La pente s'élève tout de suite, au programme une grimpette de 1500m d+ pour parvenir au Brévent (alt. 2462m).Au milieu du peloton, Thierry et moi restons en visuelle durant toute la montée (2h18).Le jour se lève, il fait froid 0°C et nous entamons la descente dans la neige jusqu'au ravito de Planpraz (km 11,4km et 2h40), où Laurent nous rejoint et repart très vite après une courte pause. J'y retrouve un compagnon de la diagonale des fous, devenu journaliste sportif sur France2 et qui a fait le buzz sur le net pour ces commentaires à Roland Garros ( http://www.popnsport.com/tennis/112093/pierre-etienne-leonard-le-commentateur-fou-na-pas-du-tout-fait-rire-france-televisions/ ) . Dans la descente j'en profite pour faire des photos de la chaine du Mont Blanc au levée du jour.
 
 
Vue sur la chaine du Mont Blanc au levée du jour.
 
 Après une première longue descente, passage au col des Montets et arrivée au ravito de Vallorcine (30 km ,5h56).Thierry et Nico me rejoignent, les jambes sont déjà bien douloureuses après une telle descente, mais le moral est bon : le soleil est de la partie. Nico est surpris de nous voir, lui qui pensait être loin derrière. Malgré la technicité du terrain, il se sent bien et repart loin devant. Après une bonne pause ravito, Thierry et moi décidont tous les deux de partir tranquillement en marchant à l'assaut de cette boucle qui doit nous amener au col du Passet (900m d+ de grimpette) pour revenir ensuite au même ravito 14 km plus tard. On croise le 8 ème du trail qui a déjà fini la boucle (c'est pas le même monde !).La montée est terrible : sous la chaleur, les jambes lourdes, c'est une succession infinie de passages très techniques (rochers à franchir, échelle, névés,..).On croise quelques bouquetins incrédules au bord du chemin. Thierry perd un peu de terrain. On passe au bord du lac d'Emosson, mais la montée n'est pas terminée : il faut encore escalader de nombreux rochers avant de pouvoir aborder la descente tout aussi difficile .J'ai les cuissots en feu et je souffre dans ces descentes très longues et très pentues (premiers coup de barre). A mi- pente, je retrouve des forces et un rythme plus rapide. Je dépasse de nombreux coureurs. J'arrive au pied de la descente, quand j'aperçois un coureur qui ressemble à mon ami portugais de l'UTMB et que j'avais revu chez lui à Madère .C'est bien Gonçalco! Nous nous congratulons longuement. Je suis surpris de le voir car il court maintenant beaucoup plus vite que moi. Il m'explique avoir des problèmes intestinaux qui l'empêche de courir. Il marche jusqu'au ravito où finalement il abandonnera. Je décide de l'accompagner sur ces 2 kms en se racontant nos vies et nos exploits respectifs durant ces 5 ans.
 
Retrouvailles avec Goncalco à Vallorcine .
  Enfin le ravito (44 km,10h02 de course).J'y retrouve Laurent qui décide d'abandonner (cuisses bloquées).J'ai également les cuisses très entamées et un début de mal de ventre. J'essai quand même de m'alimenter un peu et de me reposer. Thierry nous rejoint .Il souffre aussi beaucoup. Je lui conseille aussi de faire une bonne pause avant d'aborder la deuxième partie de la course où il reste encore trois grosses montées. Je quitte mes deux collègues qui abandonnent et Thierry qui se repose pour débuter l'ascension des Posettes ( 950m d+).Je monte à un rythme régulier jusqu'au col et dépasse de nombreux coureurs. Ensuite un gros coups de mou, du col jusqu'au Aiguillettes, où j'avance vraiment au ralentie et au courage d'autant plus qu'il y souffle un vent glacial. J'entame la descente bien fatigué et gêné par ces crampes d'estomac qui m'embête vraiment dans les descentes : impossible d'allonger le pas et obliger de faire de nombreuses pauses pour soulager mes abdos. La descente est interminable jusqu'au ravito d'Argentières (57 km, 13h39).J'ai besoin d'y reposer un peu mes cuisses en feu et mon estomac douloureux qui m'empêche de m'alimenter normalement. Je sais maintenant qu'il va falloir que je sers les dents et beaucoup souffrir pour terminer cette course.
 
 

 
 J'aborde l'avant dernière montée vers Plan Joran (700 m d+) bien entamé. Finalement la montée s'effectue bien sur un terrain pentu mais pas trop technique. Petit coup  de barre à l'entame de la descente sur un gros chemin de 4x4.Je finis par retrouver des forces et faire le reste de la descente à bonne allure avec un autre coureur. Arrivé au  ravito des Bois ( 69 km,16h21), cette accélération m'a détruit les cuisses qu'il me restait. A défaut de m'alimenter suite à mes douleurs d'estomac, j'en profite pour me faire masser les jambes et changer de tenue. Il reste encore 15 km avec une terrible montée de 1200m d+ et la descente qui va avec. Je sais désormais que je vais finir tard dans la nuit. Je repart les jambes bien soulagées pour aborder cette montée vers la Mer de Glace qui est vraiment très difficile. A mi- pente, je me retrouve dans le noir et j'entame une partie très technique (succession d'échelles, d'escaliers et de gros rochers) qui vous achèvent bien les dernières forces. Mes douleurs d'estomacs redoublent d'intensité (pauses multiples pour les soulager) et le froid est intense. Arrivé au ravito du Montenvers (76 km,18h37),je suis transis de froid .Je tremble et peux toujours pas m'alimenter. Je me force à boire un café pour me réchauffer, mais je le vomirai quelques mètres plus loin!
 
Vue sur le lac d'Emosson à la frontière suisse.
 
 Il reste plus qu'une portion de 2 km sur le balcon Sud et la descente infernale sur Chamonix. On nous oblige à partir en groupe dans cette dernière portion de nuit car il y a de nombreux passages dans le vide qui sont vraiment impressionnants avec vue sur Chamonix 1200m plus bas. Le moindre faux pas sur ce chemin plein de racines, cailloux et parfois enneigé est mortel. L'allure ralentit fortement, on se retrouve à une vingtaine. C'était vraiment impressionnant même pour ceux qui n'ont pas le vertige comme moi! Cette portion très dangereuse est vraiment interminable : à chaque virage on voit encore des frontales 300m plus loin. On arrive finalement à l'amorce de la descente finale au bout de 79km et 19h51 de course. Il reste à dévaler 1200m d- et 6 km dans un état physique déplorable. Je suis obliger de m'arrêter tous les 200m d- pour soulager mon estomac douloureux et parfois essayer de vomir, mais les cuisses sont bien détendues après le massage effectué aux Bois. Je rattrape le wagon de coureurs qui s'est formé dans la descente, j'ai de bonnes sensations mais je suis bloqué par les coureurs devant moi qui ralentissent fortement l'allure. Je subis leurs ralentissements toute la descente; C'est vraiment pénible, d'autant plus que cela commence vraiment à faire long et que l'on voit jamais la fin de cette descente infernale. Arrivé enfin en bas, je dépasse toute cette colonie de traileurs à l'agonie pour traverser le centre ville de Chamonix jusqu'à la ligne d'arrivée à grandes enjambées. Je franchis la ligne d'arrivée à vive allure après 85 km de course, 6044m de+ et 21h43'21.
 
Mon arrivée après 21h43 d'effort !
 Finalement, à part mes problèmes d'estomac, je me sens pas trop mal et fier d'avoir fini cette course de cinglé: que des chemins techniques, pas de portions plates. On m'offre une bière à l'arrivée, cela change du coca et de l'eau que l'on ingurgite tout au long du parcours. Je m'empresse de contacter Thierry pour savoir où il se trouve. Il est dans la descente finale, je décide de l'attendre sur la ligne d'arrivée malgré le froid glacial. Il arrivera finalement 3/4 d'heure après moi en 22h29'54 bien fracassé mais heureux! On se congratule, je suis tellement content de savoir que l'on est tous les deux finishers et de partager cela avec lui. C'est vraiment génial : je suis fier de mon pote! Malgré la fatigue et les douleurs, l'émotion nous gagne (on est venu, on a vu et on a vaincu...).
 
Bravo Thierry, te voilà finisher du 80 km du Mont Blanc !
 Nous n'avons pas de nouvelles de nos deux collègues : je me doute que Nico à terminer quelques heures avant nous, mais nous pensions que Franck aurait du mal à passer les barrières horaires! En retournant au camping à pied, nous distinguons encore des frontales qui dévalent la dernière pente et on espère que Franck en fait parti. Finalement on apprendra que Nico a fini en 19h32'53 et surtout à notre grande joie que Franck a fini en 24h09 cette course (il m'a bluffé: chapeau bas Franck pour cet exploit, tu peux penser sincèrement à l'UTMB maintenant!).La nuit fut très courte( on est rentré à 3h30 du mat).Bizarrement, je ne ressent aucune courbature et mon estomac maintenant à faim (d'ailleurs j'ai toujours pas de courbatures à l'heure où j'écrit ce récit). Thierry ,part contre, découvre des muscles qu'il ne connaissait pas et la marche du canard boiteux! lol! Nous retrouvons Franck en ville autour d'une tasse de café lors de la remise des prix où j'apercevrai Kénane, un V4 collègue de CO qui va courir le Marathon (résultat 8h15, 1er V4: félicitations!)
 
Tous les résultats détaillés du 80 km sont sur le site ( http://mbm.livetrail.net/classement.php?course=marath ) et de nombreuses vidéos sont visibles sur ( http://www.montblancmarathon.net/fr/presentation/videos/2013 )
 
Pour clôturer ce merveilleux weekend entre potes, sur le chemin du retour et avec un magnifique soleil , nous nous arrêtons au col des Montets pour voir passer et encourager tous les coureurs du Marathon (du premier K.Jornet au dernier ).Ils sont tous ravis de notre accueil si chaleureux!
 
Les cadors (Jornet, De Gasperi,...)

Et ma petite préférée : Anna Frost (NZ)
 
J'adore ce type de challenge entre potes mêlant convivialité, paysages de carte postale et surpassement de soi. Nous avons vraiment passé de formidables moments tous ensemble. Je tiens à remercier toutes les personnes qui nous ont soutenues et suivis sur internet ou par Sms ( Lulu and Cie, mon cousin Phil qui a suivi jusqu'au bout comme d'habitude, tous mes collègues des clubs Tout azimut Fameck, CA Malling et Team Loose ,ma famille , le père de Nico pour son soutient logistique durant la course,...). C'est toujours plaisant de recevoir des messages d'encouragement et de savoir que l'on vous suit à distance pendant de tels efforts. Merci à tous et vivement la prochaine aventure fin Aout, toujours dans le secteur de Chamonix : la TDS (Trace des Ducs de Savoie : http://www.ultratrailmb.com/page/22/TDS.html ) 119 km et 7250m d+, encore un plus gros morceau comme je l'ai adore! Ce 85 km était une bonne préparation et un bon test pour cette futur échéance que je peux aborder confiant ( j'avais encore du jus à l'arrivée : c'était pas assez long !!!).
 
Mission accomplie !
 

Détail de ma fiche coureur
 
A bientôt pour de nouvelles aventures quelque part sur cette magnifique planète où il y a tellement de choses à découvrir et à affronter!